Faut-il avoir peur de vieillir?

Professeur Klöppel, comment peut-on se préparer à aborder ses vieux jours? 

Lorsque l’on parle de «vieillesse», il convient en principe de distinguer deux périodes différentes de la vie. La période de 65 à 80 ans environ est souvent caractérisée par une qualité de vie élevée. À un âge plus avancé, les maladies et les restrictions deviennent de plus en plus fréquentes. On peut se préparer à ses vieux jours de différentes manières. Dès l’âge de 40 à 50 ans, on peut se demander quels sont les amis que l’on a indépendamment du travail. On peut aussi agir en amont sur notre état de santé. Les entraînements cardiovasculaires de même que la musculation sont importants.

Quel type de personnes se réjouit de prendre de l'âge?

Ce sont surtout les personnes qui font naturellement montre de souplesse et sont capables de s’adapter aux changements qui sont le plus enclines à apprécier leur âge. Leur degré de satisfaction augmente généralement jusqu’à un âge assez avancé.

Quels sont les avantages de prendre de l'âge?

Les gens deviennent souvent plus sociables et se montrent plus flexibles.

Quel type de personnes craignent de prendre de l'âge? 

Les personnes qui ont peur de vieillir sont celles qui ont tendance à être exigeantes envers elles-mêmes. Leur inquiétude porte sur la question de savoir ce que pourrait impliquer pour elles le fait de vieillir. Lorsque l’on discute avec des personnes âgées, on se demande comment on sera soi-même en vieillissant. Certains évitent donc de parler avec des personnes âgées, car elles leur rappellent leur âge.

Quels sont les problèmes psychologiques les plus fréquents chez les personnes âgées?

Les dépressions, les troubles de la dépendance et les troubles des facultés mentales sont les plus fréquents. Les personnes âgées souffrent très souvent de maladies mentales, sans doute parce qu’en raison de leur manque de mobilité, elles n’ont pas la possibilité d’entretenir des interactions sociales. Elles se sentent souvent inutiles et se demandent quel rôle elles jouent encore dans la société. Cela dit, les personnes ayant des petits-enfants souffrent moins souvent de dépression. Les maladies de démence s’installent souvent avec l’âge.

Pourquoi les personnes âgées se rappellent-elles davantage de leur passé que lorsqu'elles étaient plus jeunes?

Parce qu'elles disposent de plus de temps libre et qu'avec l'âge, on ne parvient plus aussi bien à réprimer les mauvais souvenirs.

Qu'entend-on par l'expression "une vie bien remplie"?

C’est une façon de parler. La satisfaction est importante et se cache même dans les petits détails. Il est important pour les personnes âgées de se sentir en paix avec elles-mêmes.

Comment se manifeste la peur de la mort?

La peur de mourir est plus grande que la peur de la mort. C’est avant tout une question religieuse. L’idée qu’il ne se passe plus rien après la mort est épouvantable pour de nombreuses personnes âgées. C’est le rôle des aumôniers d’accompagner spirituellement les personnes âgées. On aimerait se sentir relié à un univers plus vaste.

Que pensez-vous des substances qui favorisent l'éveil de la conscience chez les personnes âgées?

Dans ce domaine, les choses ont beaucoup évolué ces dernières années. Le cannabis médical par exemple, associé à la psychothérapie, aide à lutter contre les angoisses et les douleurs. Un petit cercle de médecins utilise ce type de substances dans le cadre de psychothérapies

Où en est la recherche sur la démence?

Aujourd’hui, la Suisse compte 1500'000 personnes atteintes de démence. D’ici 2050, on estime que ce nombre va doubler, car la population ne cesse de vieillir. La démence est causée par une accumulation de protéines dans le cerveau pendant des décennies. Actuellement, d’intenses recherches sont menées sur l’élaboration d’un vaccin contre la démence et des études sont en cours de discussion. Grâce à ces traitements, les dépôts de protéines se dissolvent et la progression de la maladie ralentit. Une autorisation de mise sur le marché des vaccins devrait être disponible d’ici deux à trois ans. Même sans vaccin, il est possible d’atténuer la démence ou de la prévenir soi-même, en adoptant par exemple une alimentation équilibrée et en maintenant une activité intellectuelle. Les interactions sociales, c’est-à-dire les échanges avec d’autres personnes, sont aussi très importantes.

La recherche sur le cerveau parviendra-t-elle un jour à prolonger la vie humaine?

La recherche sur le cerveau permet déjà de formuler des recommandations sur la manière de protéger son cerveau de la vieillesse, notamment par le biais des contacts sociaux, de l’exercice physique ou de la réflexion autour de la vieillesse. La plateforme Quartier+ peut également contribuer à atteindre cet objectif, car elle fournit des contacts sociaux, des possibilités d’activités intellectuelles, mais aussi un suivi.

Les propos du Professeur Dr. med. Stefan Klöppel on été recueillis par Madame Doris Schöni.